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départi » (
Rm
12, 3). Le croyant apprend à se voir
lui-même à partir de la foi quâÂÂil professe. La figure
du Christ est le miroir où se découvre sa propre
image réalisée. Et comme le Christ embrasse en
lui tous les croyants, qui forment son corps, le
chrétien se comprend lui-même dans ce corps,
en relation originaire au Christ et aux frères dans
la foi. LâÂÂimage du corps ne veut pas réduire le
croyant à une simple partie dâÂÂun tout anonyme,
à un simple élément dâÂÂun grand rouage, mais
veut souligner plutôt lâÂÂunion vitale du Christ
aux croyants et de tous les croyants entre eux
(cf.
Rm
12, 4-5). Les chrétiens sont « un » (cf.
Ga
3, 28), sans perdre leur individualité, et, dans
le service des autres, chacun rejoint le plus pro-
fond de son être. On comprend alors pourquoi
hors de ce corps, de cette unité de lâÂÂÃÂglise dans
le Christ, de cette ÃÂglise qui â selon les paroles
de Guardini â « est la porteuse historique du re-
gard plénier du Christ sur le monde »,
16
la foi perd
sa « mesure », ne trouve plus son équilibre, lâÂÂes-
pace nécessaire pour se tenir debout. La foi a une
forme nécessairement ecclésiale, elle se confesse
de lâÂÂintérieur du corps du Christ, comme com-
munion concrète des croyants. CâÂÂest de ce lieu
ecclésial quâÂÂelle ouvre chaque chrétien vers tous
les hommes. La parole du Christ, une fois écou-
tée, et par son dynamisme même, se transforme
dans le chrétien en réponse, et devient elle-même
16
Vom Wesen katholischer Weltanschauung
(1923), in
Unter-
scheidung des Christlichen. Gesammelte Studien 1923-1963
, Mainz
1963, p. 24.