EVANGELII GAUDIUM - page 114

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quelques enseignements de la Parole de Dieu sur la miséricorde, pour qu’ils
résonnent avec force dans la vie de l’Église. L’Évangile proclame : « Heureux
les miséricordieux, parce qu’ils obtiendront miséricorde » (
Mt
5, 7). L’Apôtre
saint Jacques enseigne que la miséricorde envers les autres nous permet de sortir
triomphants du jugement divin : « Parlez et agissez comme des gens qui doivent
être jugés par une loi de liberté. Car le jugement est sans miséricorde pour qui
n’a pas fait miséricorde ; mais la miséricorde se rit du jugement » (2, 12-13).
Dans ce texte, Jacques se fait l’héritier de la plus riche spiritualité hébraïque
post-exilique, qui attribuait à la miséricorde une valeur salvifique spéciale :
« Romps tes péchés par des œuvres de justice, et tes iniquités en faisant
miséricorde aux pauvres, afin d’avoir longue sécurité » (
Dn
4, 24). Dans cette
même perspective, la littérature sapientielle parle de l’aumône comme exercice
concret de la miséricorde envers ceux qui en ont besoin
:
« L’aumône sauve de
la mort et elle purifie de tous péchés » (
Tb
12, 9). Le Siracide l’exprime aussi de
manière plus imagée : « L’eau éteint les flammes, l’aumône remet les péchés »
(3, 30). La même synthèse est reprise dans le Nouveau Testament : « Conservez
entre vous une grande charité, car la charité couvre une multitude de péchés » (
1
P
4, 8). Cette vérité a pénétré profondément la mentalité des Pères de l’Église et
a exercé une résistance prophétique, comme alternative culturelle, contre
l’individualisme hédoniste païen. Rappelons un seul exemple : « Comme en
danger d’incendie nous courons chercher de l’eau pour l’éteindre, […] de la
même manière, si surgit de notre paille la flamme du péché et que pour cela
nous en sommes troublés, une fois que nous est donnée l’occasion d’une œuvre
de miséricorde, réjouissons-nous d’une telle œuvre comme si elle était une
source qui nous est offerte pour que nous puissions étouffer l’incendie »
.
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194. C’est un message si clair, si direct, si simple et éloquent qu’aucune
herméneutique ecclésiale n’a le droit de le relativiser. La réflexion de l’Église
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S
AINT
A
UGUSTIN
,
De Catechizandis Rudibus
, I, XIV, 22 :
PL
40, 327.
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